1. Définition et origines du koï
Avant tout, il est le descendant de la carpe commune (Cyprinus carpio). Ensuite, Le koï ou la carpe koï, que l’on appelle « Nishikigoi » en japonais, a une origine assez floue et parfois contestée. On l’attribue généralement au Japon, car c’est là qu’elle a été vue pour la première fois. Cependant, il apparaît qu’en vérité, ce poisson d’eau douce viendrait initialement de Chine, en Asie centrale. De là, il aurait transité vers le Japon suite aux invasions chinoises au XIXe siècle. La seule certitude que l’on ait, c’est que les premières carpes colorées sont apparues dans la préfecture de Niigata aux alentours des années 1804-1829. Selon la légende, le tout premier koï aurait été une carpe avec des tâches rouges sur les joues.
Evolution du koï : de l’assiette au poisson de collection
A cette époque, les carpes japonaises étaient élevées par les agriculteurs locaux pour compléter leur régime alimentaire à base de riz, dans les étangs qui servaient à inonder les rizières. Ces cultivateurs ont peu à peu commencer à les croiser pour obtenir des couleurs incroyables et les élever comme animaux de compagnie. Ainsi, au fur et à mesure des mutations de couleurs (d’abord une mutation rouge, puis une blanche), ces fermiers sont devenus des collectionneurs, et élevaient désormais les koïs pour le plaisir. Grâce aux croisements des espèces, sont apparues les carpes koï rouges et blanches.
Cependant, il faudra atteindre 1914 pour déployer la véritable renommée du koï. En effet, l’intérêt national a été éveillé au Japon, lorsque l’empereur Hirohito a introduit ce poisson ornemental dans les douves du palais impérial, qu’il adorait contempler.
Ce passe-temps provoqua un intérêt tel que d’autres élevages se sont développés, créant ainsi l’ancêtre le plus prisé de tous les koï : le Kohaku. Un koï au corps blanc, caractérisé par des tâches rouges bien distinctes sur le dos, la tête et les flancs. A partir de ce moment-là, la carpe koï a suscité un intérêt commercial et est devenue à la mode. De plus en plus, ces poissons d’ornement peuplaient les bassins des jardins zen, participant ainsi activement au recueillement et à la sérénité des lieux.
Polychromie et variétés de la carpe koï
Ainsi se créent simultanément différentes espèces liées aux croisements. Il faut savoir que chaque espèce a une combinaison de couleurs qui lui est propre. A chaque couleur et chaque motif correspond une dénomination japonaise. La disposition des écailles permet de les regrouper en trois sous-catégories.
- Les koïs unicolores : fond blanc, jaune ou orange (fond = peau).
- Les bicolores : fond blanc avec des marques rouges (symbolisant le drapeau japonais) ou fond noir avec des marques de couleur (blanches, rouges ou jaunes).
- Les tricolores : fond blanc avec des marques rouges et noires ou fond noir avec marques blanches et rouges.
Chaque année au Japon, on retrouve de nombreuses expositions et concours de koï qui mettent en avant toutes ces catégories. Les prix varient selon la rareté de l’espèce, la taille et la couleur de la robe de ce poisson ornemental.
Les carpes koï sont donc de précieux bijoux vivant dans nos bassins. Grâce à leur flamboyance, elles confèrent spontanément une beauté singulière à nos étangs. Quoi de plus beau que d’avoir une eau aux reflets colorés et spectaculaires !
2. Mythe japonais et symboles du koï
Le koï est considéré comme l’empereur du bassin notamment grâce à sa majestueuse légende et les diverses symboliques qu’il représente comme la force, la bonne fortune et la persévérance face à l’adversité.
Légende de la carpe koï : le poisson devenu dragon
Dans la mythologie nipponne, on raconte qu’il y avait autrefois un banc géant composé de milliers de carpes koïs qui quittaient les eaux de la mer pour remonter le fleuve Jaune. Pour réussir ce parcours tumultueux, les carpes koïs affrontèrent de nombreux obstacles. Prédateurs. Force du courant. Pêcheurs.
Armées de courage, elles battaient des nageoires à contre-courant jusqu’au point culminant de la cascade appelée la « Porte du Dragon ». On raconte que le portail était si puissant qu’il frappait aussi fort que les flèches de cent guerriers ! Une fois que les poissons l’atteignaient, la plupart rebroussaient chemin et suivaient le courant devenu trop fort.
On raconte que les plus déterminées ont continué à essayer d’atteindre le sommet de la chute, et ce pendant plus de 100 ans !
Finalement, parmi elles, seule la plus téméraire et obstinée parvint à sauter jusqu’au sommet de ces violentes chutes d’eau. Touchés par sa volonté sans limite, les kami japonais (les dieux) la transformèrent en un splendide dragon doté de magnifiques écailles d’or et la laissèrent s’envoler vers le ciel.
Cette légende évoque clairement les valeurs de détermination, de bravoure et de force que l’on attribue désormais aux carpes koï. Véritable source d’enseignements humains !
Les symboliques et les significations de la carpe koï
A. Analogie du samouraï : virilité, force masculine et courage
Dans la mythologie japonaise, ces poissons d’ornement sont souvent associés aux enfants. Il existe même une journée dédiée à cet emblématique poisson ornemental au Japon : « Tango no Sekku » qui est la « journée des garçons ». Cette fête a pour but de vénérer la place qu’occupent les enfants dans la société.
Le koï symbolise la virilité et la force masculine, deux qualités souvent recherchées chez les enfants du pays du soleil levant. On raconte que si un koï est capturé, il restera stoïque et immobile sous la lame, affrontant dignement la mort, à l’image d’un brave samouraï face à l’épée. Ce courage est vénéré par les parents qui espèrent que leurs fils feront face à leur destin avec autant d’honneur.
B. Le koï, métaphore du foyer familial
La beauté des poissons d’ornement n’est plus à plaider. Les koïs sont flamboyants et rayonnent de mille feux. Chaque année, le 5e jour du 5e mois, les familles japonaises célèbrent la « journée des enfants » ouこどもの日 (Kodomo no Hi) en accrochant de petits cerfs-volants en forme de carpes (koinobori) à l’extérieur de leur maison, pour symboliser le foyer. Ils flottent au vent comme s’ils nageaient à contre-courant, symbolisant ainsi la force familiale.
Mais connaissez-vous la signification de leurs couleurs dans cette tradition japonaise ?
- Le noir représente la masculinité, souvent associée au père.
- Le rouge correspond à la force et au pouvoir, en référence à la poigne des mères japonaises.
- Le bleu et le vert évoquent la tranquillité, réservée aux enfants.
C. La symbolique selon les couleurs de koï
Les koïs se distinguent en 3 sous-catégories. Cependant, au sein de ce classement, on retrouve des allégories merveilleuses liées à leurs couleurs et ce qu’elles évoquent.
- Lorsque les deux couleurs principales sont le rouge et le blanc, cela évoque à la fois le Japon (ex : Kohaku) et l’amour (ex : Kuchibeni).
- Lorsque le koï est entièrement doré/jaune, il symbolise l’or, la richesse et la prospérité (ex : Yamabuki).
- Le poisson de couleur platine fait référence au succès dans les affaires et l’accomplissement dans la richesse (ex : Ogon).
- Lorsqu’un poisson a la peau blanche avec des tâches noires ou inversement, il représente le changement et la transformation (ex : Kumonryu).
- Etc.
Par conséquent, lorsque vous observez un koï ou que vous décidez de vous en procurer un, songez aux valeurs qui se cachent derrière son apparence. Ce choix n’est pas toujours anodin, ni le fruit du hasard.
En conclusion
Vous l’avez compris, le koï est une créature aquatique tant énigmatique que fantastique. Son histoire a bien évolué au fil des siècles, passant de l’assiette vers le poisson ornemental de collection que tous veulent s’arracher ! Résultat de nombreuses mutations, c’est la danse des couleurs de leur body qui constitue un critère fondamental de variétés et de métaphores. Il séduit également pour ce qu’il représente en termes d’enseignements humains : la force, la persévérance et le courage. Véritable transposition d’une passion initialement japonaise vers le monde entier, sa popularité n’est plus à faire !
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